samedi 24 avril 2010

Underworld USA


Oui, je sais. J'ai pas mal de retard sur les professionnels de la profession pour chroniquer le dernier gros pavé du maître James Ellroy. Mais enfin, ce délai est à mettre en rapport avec les nombreuses années durant lesquelles j'ai dû attendre - et vous aussi certainement - cet énorme et dernier pavé de plus de 700 pages.

Pour commencer, le titre. "Underworld USA" est en effet à la fois le titre de la trilogie commencée par "American Tabloïd", puis suivi de "American Death Trip", ainsi que le titre du dernier volume qui clôt la dite trilogie. Curieux choix de l'éditeur français alors que le titre original de ce pavé est "Blood's a Rover" (littéralement "le sang circule").

Quoique James Ellroy emploie beaucoup moins l'écriture dépouillée à l'extrême des deux tomes précédents (sujet + verbe + complément), ses phrases n'en appuient pas moins l'atmosphère noire, poisseuse et violente du récit. L'emploi de "bamboula", "pédé" et autres termes - variant du politiquement incorrect au franchement borderline - est quasi systématique. Plombant ainsi l'atmosphère pesante de haine omniprésente.

Le casting

On reprend donc les personnages du tome précédent - ou plutôt, les survivants. Exit donc Pete Bondurant - une mort naturelle étant ici assez rare pour être saluée - et bienvenue à d'autres personnages réels - tels Richard "tricky" Nixon. Ou imaginaires tel que Marsh Bowen - un flic noir et homosexuel, sous-marin et pigeon/manipulateur. Crutchfield - un détective amateur et mateur mais investigateur hors pair et personnage principal. Joan Klein - une activiste communiste clandestine.

Le pitch

Comme dans les deux tomes précédents, la trame du roman s'inscrit dans l'histoire des USA des seventies, entre Las Vegas, Los Angeles et Saint-Domingue. Les USA des magouilles politiciennes, du racisme en pleine forme - merci pour lui -, de la mafia intouchable et du soutien affiché aux dictatures bananières.

Crutchfield est embauché par un chroniqueur millionnaire et raciste d'Hollywood pour retrouver sa maîtresse d'un soir qui s'est sauvée en bourrant de dollars son sac à mains. Wayne Tedrow junior, aidé de tueurs psychopathes d'extrême droite, est stipendié par la mafia pour faire construire des casinos en Amérique centrale tout en arnaquant Howard Hugues. Dwight Holly est chargé par Edgar Hoover de faire tomber les groupes d'activistes noirs concurrents des black panthers.

Leurs pistes respectives croiseront celle de Joan "la rouge" Klein qui collecte des fonds pour la révolution à Saint-Domingue.

Se greffe dessus la suite d'un braquage sanglant ayant eu lieu plusieurs années auparavant. Dont le butin saupoudre le déroulement du roman.

Rédemption et trahison

Le déroulement de l'histoire sera conclu sous le signe de la rédemption. Commençant par celle de Wayne Tedrow pour finir par celle de Crutchfield en passant par celles de Marsh Bowen et de Dwight Holly. Les petites mains des coulisses de la grande histoire ont pour habitude de solder leurs dettes de trahisons, de violences et de duplicité de façon radicale. Chacun plaçant le curseur à sa façon entre l'aspiration à la paix et l'auto-destruction. C'est le happy-end "à la Ellroy", sachant que la noirceur de ses romans n'y laisse généralement pas la moindre place.

Les personnages féminins reflètent par contre l'estime particulière que James Ellroy porte au beau sexe. Karen Sirfakis, la maitresse (principale) de Dwight Holly est une caricature de cruche bobo-gauchiste. Quand à Joan, manipulatrice à souhait, elle mène tout son monde par le bout du bout ou du nez comme elle respire, l'aspect politique de ses motivations étant sujettes à caution.

Et pour finir

Le dogue achève ainsi son "Guerre et Paix". Un pavé qui demeurera un des phares majeur - désolé pour le cliché - de la littérature noire à coller dans vos rayons à côté de l'intégrale de Raymond Chandler.

Bref, à lire d'urgence pour au moins avoir quelque-chose qui nous change de l'invasion de la collection de clones de "Da Vinci Code" en attendant les ceux de "Millenium" qui ne sauraient tarder.

Ah, oui, et mon exemplaire est dédicacé par le Dog soi même, et donc non, je ne le prête à personne.

Aux Artistes



Les crocs et le frigo vide ? Vous êtes vers le boulevard Pasteur à Paris ? Voilà ce qu'il vous faut...

En ces temps de pouvoir d'achat en berne ou en chute libre, il est bon de savoir qu'il reste des cantines à l'ambiance familiale qui peuvent nous régaler sans vous obliger à aller taper vos amis et votre famille pour assurer vos fins de mois.

Le restaurant dit "Aux Artistes" est sis rue Falguière presque au croisement du Boulevard Pasteur. Oui, on a vu plus sexy ou branchouillard comme emplacement, mais comme vous je m'en fous pas mal.

Le décor : quelques centimètres carrés de murs ne sont pas couverts de plaques d'immatriculation américaines. Pas très original en effet mais là ne se trouve pas l'intérêt principal de l'estaminet.

L'accueil est franchement chaleureux. Et - originalité - le sympathique serveur vous fournit en même temps que le copieux menu un stylo et une feuille de papier sur laquelle le client affamé est invité à noter sa commande.

La dite commande est à choisir dans la liste impressionnante de plats proposés pour la modeste somme de 14 € (entrée + plat + dessert), comme l'atteste la photo.

Bon. Venons à l'essentiel. Qu'y mange-t-on ? Eh bien le plus impressionnant pour un menu de ce prix est le choix proposé, les rares restaurants approchant ce tarif ne proposant que le plat du jour dans la formule.

Vu l'étendu de cette liste, je ne pourrai bien entendu pas étaler l'ensemble des mérites individuels de chaque plat. Je me contenterai juste de vous recommander le confit de canard. Oui, un confit de canard dans un menu à 14 €.


Ah, oui. Le seul point noir. Venez avec du liquide ou un chéquier. La surprise est que l'établissement n'accepte pas les cartes de crédit.

Bon ap'

Ah oui. L'adresse :
63, rue Falguière
75015 Paris
Tél. : 01 43 22 05 39